Affectant près de 9.000.000 de personnes en France, le syndrome de l'intestin irritable (SII) ou colopathie fonctionnelle correspond à des anomalies de la sensibilité et du fonctionnement de la paroi colique qui est « irritable » (et non pas irritée). Il n'existe pas, à la différence des autres pathologies digestives, de lésions apparentes visibles à l'œil nu sur le côlon. Sa fréquence et les symptômes qu'il génère constituent un véritable problème de santé publique.

Encore beaucoup de mystères...

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L'amélioration des connaissances sur la physiopathologie des SII est considérable ; Celui-ci ne se limite plus à un simple dysfonctionnement du tube digestif mais s'avère d'origine multifactorielle. Autour de l'hypersensibilité viscérale (phénomène majeur à l'origine de la douleur abdominale) liée au dysfonctionnement des communications nerveuses entre le système nerveux périphérique du tube digestif lui-même et le système nerveux central, peuvent rentrer en jeu : un dysfonctionnement moteur gastro-intestinal, une infection virale ou bactérienne, une altération de la perméabilité intestinale, une dysbiose, une malabsorption des acides biliaires, des facteurs psychologiques et génétiques et une inflammation intestinale de bas grade...

Devant ces nombreux mécanismes susceptibles d'expliquer une même symptomatologie, nous comprenons la difficulté de traiter chaque malade et la déception des traitements actuellement proposés.

Des nouveaux modèles expérimentaux récemment mis au point permettent d'espérer le développement de nouvelles molécules car à ce jour, le bénéfice thérapeutique n'apporte qu'un gain de 10% par rapport au placébo.

Epidémiologie

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Le SII est une affection fréquente ; en effet, dans l'ensemble des pays industrialisés, sa prévalence est de l'ordre de 15% avec une nette prépondérance féminine.

En France, plus de 9 millions de personnes souffriraient de troubles fonctionnels intestinaux.

Le syndrome de l'intestin irritable s'observe à tous les âges de la vie y compris chez le jeune enfant mais le plus souvent entre la fin de l'adolescence et l'âge de 25 ans.

Des pathologies douloureuses et chroniques

Ces troubles fonctionnels intestinaux sont chroniques (40 % des sujets interrogés en souffrent depuis plus de 10 ans) et vont évoluer dans le temps de façon capricieuse et fluctuante sans jamais s'aggraver ni se compliquer. Ils associent des douleurs abdominales chroniques et des troubles du transit (constipation, diarrhée, alternance des deux) qui se majorent lors des poussées douloureuses.

Les manifestations peuvent parfois être suffisamment importantes pour inquiéter le malade et entrainer des hospitalisations.

Le SII représente 50% des consultations en gastro-entérologie et ont un retentissement économique certain (absentéisme, examens complémentaires, médicaments). Le SII constitue donc, en dépit de sa bénignité, un véritable problème de santé publique.

Si cette affection n'engage pas le pronostic vital, elle altère significativement la qualité de vie des malades qui en souffrent. Sur le plan de la fatigue et du bien-être émotionnel, l'impact de la colopathie sur la qualité de vie semble être même plus négatif que, par exemple, celui d'un diabète traité par insuline ou d'une insuffisance rénale.

Une médecine désarmée...

La réponse thérapeutique se limite aux traitements des symptômes par antispasmodiques, ralentisseurs du transit, laxatifs...