La pochite : un mal méconnu !

Le Dr. Thomas Lambin vous explique ce qu'est la pochite

A cours de la rectocolite hémorragique, certaines situations imposent la réalisation d’une intervention chirurgicale : lorsque l’inflammation est réfractaire au traitement médical, lors de complications comme la perforation digestive ou en cas d’apparition de lésions cancéreuses coliques. On estime qu’environ 30% des patients devront être opérés durant l’évolution de leur maladie(1). L’intervention la plus fréquente qui est réalisée consiste en la réalisation d’une coloproctectomie totale (retrait de l’ensemble du colon et du rectum) avec anastomose iléo-anale (l’intestin grêle est immédiatement abouché à l’anus). Pour conserver une continence, une poche est réalisée à partir de l’intestin grêle en amont de l’anus qui sert de réservoir. Les avancées techniques ont permis aux patients d’avoir une bonne qualité de vie au décours de cette intervention dans la plupart des cas. Malheureusement, chez certains patients une inflammation de ce réservoir appelée pochite peut survenir. Cette complication n’est pas rare puisqu’elle peut concerner jusqu’à près de la moitié des patients 5 ans après la chirurgie (2). La cause exacte est inconnue mais certaines théories impliquent des anomalies du microbiote intestinal (3).

La pochite se manifeste par une augmentation du nombre de selle avec un aspect glairo-sanglant, des douleurs abdominales et de la fièvre. Lors de la survenue de ces symptômes chez un patient ayant été opéré, il convient tout d’abord d’éliminer une infection digestive notamment liée au Clostridium difficile qui peut provoquer les mêmes symptômes. Lorsque l’infection a été écartée, l’examen clef dans le diagnostic est la réalisation d’une endoscopie de la poche. Cet examen est réalisé le plus souvent sans anesthésie générale et permet de visualiser le réservoir quelques centimètres au-dessus de l’anus. En cas de pochite, ce réservoir est le siège de lésions inflammatoires : ulcères, érosions, érythème. Des biopsies sont alors réalisées. L’ensemble des éléments à disposition - cliniques, endoscopiques et résultats des biopsies - permet de poser le diagnostic de pochite.

Il n’existe pas de consensus sur la prise en charge des pochites. Le traitement de première ligne repose sur les antibiotiques. Chez la plupart des patients ce traitement est efficace. Malheureusement, certains patients vont être dépendants aux antibiotiques c’est-à-dire que la pochite récidive lorsqu’ils sont arrêtés. Chez ces patients on peut envisager un traitement par cures itératives d’antibiotiques. Chez d’autres patients les antibiotiques ne sont pas efficaces et se développe une pochite chronique. D’autres traitement sont alors envisageables comme les corticoïdes ou les anti-TNF alpha.

Certaines études actuellement en cours évaluent l’intérêt de la transplantation fécale dans la prise en charge de la pochite (3).

Références

1. Steinhart AH, Ben-Bassat O. Pouchitis: a practical guide. Frontline Gastroenterology 2013;4:198–204.
2. Ferrante M, Declerck S, De Hertogh G, et al. Outcome after proctocolectomy with ileal pouch-anal anastomosis for ulcerative colitis. Inflamm Bowel Dis 2008;14:20–28.
3. Dalal RL, Shen B, Schwartz DA. Management of Pouchitis and Other Common Complications of the Pouch. Inflammatory Bowel Diseases 2018;24:989–996.

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