Rôle de la MBL dans l'homéostasie intestinale et l'élimination des pathogènes fongiques

Candida albicans est la principale levure présente physiologiquement dans la flore intestinale humaine. Chez la souris, un nouveau récepteur MBL (mannose binding lectin) produit par les cellules épithéliales du tube digestif limite le développement de cette levure dans le colon et contrôle la réponse inflammatoire induite. De nouvelles stratégies thérapeutiques ciblées sur ce récepteur sont envisagées

L’équipe du Professeur Sendid (LIRIC-UMR 995) s’intéresse depuis quelques années à une lectine du système immunitaire, la mannose binding lectin (MBL) et à son rôle dans la reconnaissance de Candida albicans, 4ème agent responsables de septicémies nosocomiales. Il a été montré que la MBL est capable de reconnaitre le mannane à la surface de C. albicans et que les taux sériques de MBL étaient très élevés chez les patients atteints de candidoses invasives. Ces résultats suggèrent une variation de l’expression de la MBL sérique en présence de C. albicans.

Cependant, aucune étude n’a été réalisée sur le rôle de la MBL au niveau intestinal pour contenir la colonisation par C. albicans. De plus, il semblerait que la MBL soit liée à l’inflammation intestinale et qu’un déficit quantitatif en MBL est fréquemment retrouvé chez les patients atteints de maladie de Crohn (MC), en comparaison à des sujets sains. Un déficit en MBL est aussi associé aux phénotypes sévères de la MC. Or, nous ne savons pas comment la MBL pourrait influencer la réponse inflammatoire chez ces patients. Nous nous sommes donc posé la question de savoir si la colonisation gastro-intestinale par C. albicans est modulée par la MBL et si cette modulation avait un impact sur l’inflammation intestinale au cours de la MC.

Pour répondre à ces questions, nous avons exploré dans un modèle murin, l’expression de la MBL au niveau des segments du tube digestifs. Nous avons également analysé son impact sur la modulation de l’inflammation intestinale et l’élimination de C. albicans, à l’aide d’un modèle murin invalidé (KO) pour les gènes de MBL. L'expression des deux formes de MBL (A et C) présentes chez la souris a été mise en évidence dans les cellules épithéliales de l'estomac, du caecum et du côlon des souris C57BL/6. Cette expression est augmentée lorsque les souris sont colonisées par C. albicans alors que les taux sériques dans ce modèle ne varient pas. En l’absence d'inflammation, la colonisation par C. albicans est plus importante dans le tube digestif des souris MBL-KO par rapport aux souris contrôles, bien que les scores cliniques et histologiques ne diffèrent pas. L'inflammation induite par DSS exacerbe cette colonisation et entraine une dissémination de C. albicans dans le rein et dans le poumon des souris MBL-KO. Le déficit en MBL est également associé à une diminution des cytokines Il-1β et IL-6 et à une augmentation de la réponse Th17.

Nous mettons, pour la première fois, en évidence la production de MBL par les cellules épithéliales intestinales. Cette MBL intestinale semble primordiale pour limiter le développement intestinal de C. albicans et pour réguler l’homéostasie intestinale.

Références

Choteau L, Parny M, François N, Bertin B, Fumery M, Dubuquoy L, Takahashi K, Colombel JF, Jouault T, Poulain D, Sendid B, Jawhara S, Mucosal Immunology, Mucosal Immunology 2015, 9, 767–776